Comptes 2021

Merci Monsieur le président,

Messieurs les conseillers d’Etat,

Chères et chers collègues,

Le groupe VEA a pris connaissance des comptes 2021 avec toute l’attention requise. Nous avons pu constater le résultat réjouissant de cet exercice, comme d’habitude. Les raisons sont multiples : une excellente gestion extrêmement précautionneuse des deniers publics, l’or de la BNS, une péréquation intercantonale favorable et surtout, la faiblesse récurrente des investissements.

Je me permets de mettre en exergue 4 remarques.

Tout d’abord au niveau de la pandémie. Malgré les millions de francs engagés pour le soutien de l’économie et la santé, nous présentons une fois encore un exercice bénéficiaire. Cela nous interroge. Nous avons engagé 71 millions de francs supplémentaires, issus en grande partie des provisions et du fonds de relance. Mais sur les dépenses liées au COVID de presque 200 M, combien était réellement à la charge du canton : moins de la moitié. J’oserais presque dire : comptablement, heureusement que nous avons eu le COVID, sinon, nous aurions de nouveau pas loin du 1 MM de fortune.

Les VEA aurait apprécié un plus grand sacrifice pour les restaurateurs, les indépendants, les personnes qui ont perdu leur travail, les employés de l’État et j’en passe. On aurait pu attendre une meilleure valorisation des salaires dans le secteur de la santé, surtout après le plan d’austérité des années 2010. C’est un peu la double peine pour certains salariés de l’État de Fribourg.

Nous avons des craintes fondées pour la HFR. Le pronostic vital semble être engagé. L’hôpital est toujours en faillite clinique et mis sous perfusion financière par le canton. L’anamnèse de l’inspection des finances n’ont pas encore permis une amélioration notable de l’état général du patient et la préparation d’un traitement de choc a été attribué à̀ la société́ KPMG en décembre 2021 dans un but d’assainissement et d’excellence opérationnelle.

Le lyrisme de la métaphore ne doit pas nous empêcher de voir la réalité des chiffres : 350 M de dette cumulée, un budget 2022 peu optimiste, les hospitalisations hors canton sont toujours en augmentation. On articule 1MM pour assainir et construire un nouvel hôpital. Mais heureusement, l’Etat de Fribourg a fait une provision de 25 M en 2021. On ne peut pas dire qu’on soit sauvé. Je parlerais plutôt d’un emplâtre sur une jambe de bois.

Le groupe VEA attend du courage du GC et du CE pour prendre en main les problèmes de l’HFR. Si le peuple fribourgeois veut un hôpital cantonal, ce qui ne semble pas disputé, les uns doivent retrouver la confiance des patients tandis que d’autres devront mettre la main au porte-monnaie.

L’Etat de Fribourg n’investit pas ou peu. Les investissements sont sans cesse repousser et quand on construit, en règle générale, le budget explose (pisciculture, grangeneuve, BCU, collège St-croix,…). Donc non seulement on engage peu d’argent, mais en plus, quand on en engage, on presse tout au maximum, on prend les entreprises les moins chères, les calculs les plus favorables et on se retrouve systématiquement avec des crédits complémentaires.

Le groupe VEA veut plus d’investissements, mais des investissements qui portent l’empreinte de notre temps, les valeurs des générations futures et répondent aux besoins de demain.  

La durabilité et le climat semblent toujours être des préoccupations relatives pour le CE. Je cite un paragraphe éloquent en page 12 du message :

« Début 2021, le Grand Conseil a donné son feu vert au financement de la première partie de la Stratégie à travers un décret, en autorisant même une dépense supérieure à ce qui avait été demandé, soit 13,9 millions de francs au lieu de 9,5 millions. Un signal fort en faveur de la durabilité, thème sous lequel est placé l’année présidentielle. »

Comment peut-on parler de signal fort quand le rapport du GIEC parle de situation catastrophique. Quand nous voulons une politique forte en matière de climat, le CE nous parle en page 14 de boussole21. La boussole 21 est un outil qui date de 2004. A cette époque, les voitures électriques n’existaient pas, les problèmes d’approvisionnement électrique n’existaient pas, on installait des chauffages à mazout à condensation à tour de bras et on utilisait la cathédrale St-Nicolas comme rond point. On n’a pas besoin d’une boussole : tout le monde sait qu’on va droit dans le mur. Si l’Etat de Fribourg investissait les années prochaines autant dans l’assainissement des bâtiments et dans le solaire que pour une pandémie de COVID-19, le parc immobilier cantonal serait assaini en moins de 10 ans et notre production d’électricité indigène serait largement excédentaire. On pourrait même en vendre à l’Allemagne.

Dans cette idée, le groupe VEA va déposer un postulat qui demande au Grand Conseil d’obliger le Conseil d’État à réaliser une étude visant à évaluer le potentiel de réduction des émissions de GES d’ici à 2030, en conformité avec le plan climat, de tous les actuels et futurs investissements de plus de 5 millions.

Le groupe VEA acceptera les comptes avec les remarques formulées précédentes.

Merci pour votre attention.

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